Si le premier véritable méchant d’un Grand Classique Disney, la Reine de Blanche Neige et les Sept Nains (1937) était contrainte d’agir seule, ne pouvant véritablement compter ni sur le Chasseur, ni sur son Miroir Magique, dans le deuxième long-métrage d’animation des studios au château enchanté, un duo de méchants fait son apparition dans la galaxie disneyenne : il s’agit du renard rusé Grand Coquin et de son acolyte, bien plus bête que méchant, le chat Gédéon. Si leur duo d’escrocs à la petite semaine est bien rôdé, les deux lascars doivent à chaque fois s’associer à un autre méchant (le marionnettiste Stromboli ou le Cocher) pour pouvoir véritablement causer du tort au petit pantin de bois Pinocchio, héros du Grand Classique éponyme de 1939.

En dehors des Grands Classiques stricto sensu, il faut attendre 1946 pour voir apparaître un binôme de méchants dans un long-métrage Disney comportant des scènes d’animation. Il s’agit de Frère Renard et Frère Ours de Mélodie du Sud. Comme souvent dans l’univers disneyen, les plans échafaudés par les méchants se révèlent de cuisants échecs. En effet, malgré la volonté farouche de Frère Renard de mettre la main sur Frère Lapin pour en faire son déjeuner, et l’assistance de Frère Ours qui veut se venger du lapin qui l’a roulé, les deux compères n’arrivent jamais à neutraliser leur ennemi bondissant : Frère Lapin est à chaque fois le plus rusé des trois et s’en sort toujours indemne !

Dans Cendrillon (1950), les demi-sœurs de l’héroïne éponyme forment un duo de personnages bien plus idiots que véritablement méchants totalement acquis à la cause de leur mère, Madame de Trémaine, véritable génie machiavélique. Dans le Grand Classique original, Anastasie et Javotte, terriblement jalouses de Cendrillon, ne manquent pas une occasion de lui causer du tort. C’est ainsi qu’elles détruisent totalement la robe que la jeune souillon avait confectionnée, avec des objets leur appartenant mais dont elles ne se servaient plus, en vue du bal donné au château du Roi. Dans les deux autres opus de la saga, sortis directement en vidéo, le duo de méchantes a été mis à mal, les scénaristes ayant fait progressivement d’Anastasie un personnage animé de bons sentiments.

Dans La Belle et le Clochard (1955), il n’y a pas à proprement parler de grand méchant… Mais Tante Sarah peut tout de même être considérée comme un vilain dans la mesure où elle cause du tort aux héros de l’intrigue, les chiens Lady et le Clochard. La parente des propriétaires de la petite cocker possède deux chats siamois jumeaux et à l’apparence on ne peut plus similaire, Si et Am. Dans la logique de la guerre ancestrale que l’on prétend opposer chiens et chats, Si et Am vont tout mettre en œuvre pour porter un mauvais coup à Lady. C’est ainsi qu’ils entreprennent de causer bien des dégâts dans le salon de la maison de Jim Chéri et Darling puis d’accuser la petite chienne…

C’est en 1961 qu’un nouveau duo de méchants figure au casting d’un nouveau Grand Classique Disney, Horace et Jasper Badun. Les deux frères bêta sont inséparables et c’est toujours ensemble qu’ils effectuent la sale besogne de la richissime Cruella d’Enfer, obnubilée par les manteaux en fourrure d’animaux. Mais une nouvelle fois, ce binôme brille bien plus par sa bêtise que par sa malfaisance…

En plus du trio de méchants formé par le Prince Jean, Triste Sire et le Shérif de Nottingham, un binôme de vilains vraiment bêtas figure au casting du Grand Classique Robin des Bois (1973) : il s’agit des vautours Pendard et Niquedouille, sous-fifres du Shérif de Nottingham dont il compose la garde rapprochée. Ces deux volatiles se montrent bien peu efficaces dans l’exécution de leur tâche, ne parvenant pas par exemple à empêcher Robin des Bois de venir délivrer ses amis retenus prisonniers dans la prison royale puis à l’empêcher de s’en fuir du lieu placé sous leur garde.

Dans Les Aventures de Bernard et Bianca (1977), l’affreuse Madame Médusa et le bedonnant M. Snoops forment un duo bien mal équilibré, la machiavélique rousse dominant totalement son acolyte qui apparaît bien plus comme un subordonné qu’un véritable associé… Il n’en va pas de même pour Brutus et Néron, les deux crocodiles domestiqués de Médusa qui eux forment un binôme soudé et équilibré. Les deux sauriens exécutent sans sourciller ou presque les ordres de leur maîtresse quels qu’ils soient… Jusqu’à ce qu’enfin la route tourne !

En 1988, ce sont de nouveau deux animaux féroces qui jouent les « hommes de main » d’un grand méchant dans Oliver et Compagnie. En effet, l’infâme mafieux et usurier Sykes peut compter sur ses deux dobermans Roscoe et DeSoto pour intimider les pauvres hères qui lui doivent de l’argent. C’est ainsi que les deux chiens féroces s’en prennent à l’infortuné, dans tous les sens du terme, Fagin et à ses amis à quatre pattes. Leur fidélité sans bornes pour leur maître les conduira jusqu’à un sort funeste…

C’est en 1989 qu’un nouveau méchant d’anthologie qui a sous ses ordres deux sbires inséparables fait son apparition : il s’agit de la sorcière des mers Ursula, grande méchante de La Petite Sirène. La maléfique enchanteresse subaquatique bannie de son palais par le Roi Triton possède en effet deux murènes mâles, Flotsam et Jetsam, quasi identiques à l’exception de la couleur de leurs yeux l’une possédant un œil jaune à droite quand l’autre l’arbore à gauche de son autre œil totalement gris. Ursula semble très attachées à ses mignons, qu’elle considère comme ses propres enfants… Elle est sûrement aidée dans son affection par le fait que les murènes constituent l’un des duos de sbires les plus efficaces de l’histoire des Grands Classiques Disney : les jumeaux parviennent en effet à exécuter efficacement tous les ordres de la sorcière des mers… A une exception près qui causera leur perte !

Dans Hercule (1997), le dieu des enfers Hadès a à son service deux petites créatures monstrueuses qui lui servent de sbires, Peine (le petit gros de couleur rose) et Panique (le grand maigre de couleur turquoise). Malheureusement pour le dieu grec, ses hommes de main sont bien peu efficaces, échouant systématiquement, ou presque, dans les missions qui leur ont été confiées, ce qui a tendance à mettre leur chef sérieusement en pétard et le pousser à se tourner vers d’autres sbires, de Mégara en passant par les Titans.

En 2010, les fans des Grands Classiques Disney découvrent un nouveau duo de méchants dans Raiponce. Il s’agit des frères jumeaux Stabbington, des repris de justice emprisonnés dans les prisons royales suite à la trahison du roublard voleur Flynn Ryder, qui, pour se venger de lui et faire fortune vont accepter de s’associer avec Mère Gothel, la machiavélique mère adoptive de la princesse Raiponce…

Le 52e Grand Classique Disney, Les Mondes de Ralph (2012) mène des personnages de jeux-vidéos dans l’univers doux et acidulé tout en pixels de Sugar Rush où Sa Sucrerie règne en maître incontesté. Pour maintenir l’ordre dans son royaume il peut compter sur un duo de policiers formé par les donuts Wynchel et Duncan, serviteurs zélés de leur roi bien plus mal intentionné qu’ils ne peuvent se le figurer…

Enfin, c’est en 2013, dans le Grand Classique doublement oscarisé La Reine des Neiges qu’est apparu le dernier binôme de personnages Disney œuvrant  pour le mal. Il s’agit des deux Gardes du corps zélés et dévoués du Duc de Weselton, un homme avide de pouvoir et de richesse, prêt à tout pour précipiter la chute du royaume rival d’Arendelle plongé dans un hiver sans fin par la Reine Elsa, touchée par une terrible malédiction…

En guise de conclusion, il convient de préciser nos choix éditoriaux pour cette publication : si ce billet ambitionne de lister tous les duos de méchants apparaissant dans les longs-métrages d’animation Disney, il ne prend pas en compte les binômes trop déséquilibrés (le Capitaine Crochet et Monsieur Mouche dans Peter Pan, Gaston et Lefou dans La Belle et la Bête, Jafar et Iago dans Aladdin, Yzma et Kronk dans Kuzco, l’Empereur Mégalo ou encore le Docteur Facilier et Lawrence de La Princesse et la Grenouille pour ne citer qu’eux), ni les alliances de vilains qui impliquent plus que deux personnages (trios, quatuors, bandes…). Selon ces critères strictes, il n’est jamais apparu de « duos de méchants » dans les films d’animation des studios Pixar.