Djali
Date de création :
Le 21 juin 1996
Nom Original :
Djali
Créateur(s) :
Ron Husband (Superviseur de l’animation)
Kent Hammerstrom (Animateur)
Apparition :
Cinéma
Vidéo
Jeux Vidéo
Voix Originale(s) :
Gary Trousdale (Le Bossu de Notre-Dame, 1996)
Frank Welker (Le Bossu de Notre-Dame 2 : Le Secret de Quasimodo, 2002)

Le portrait

rédigé par Karl Derisson
Modifié le 19 décembre 2023

En 1996, les studios Disney adaptent à leur tour Notre-Dame de Paris, le classique de la littérature française, avec Le Bossu de Notre-Dame, leur trente-quatrième grand classique animé. Tous les personnages mémorables créés par Victor Hugo au XIXe siècle font ainsi leur retour sur le grand écran à l’image de Djali, la petite chèvre accompagnant partout la belle gitane Esmeralda.

Djali, chèvre savante dans l'œuvre de Victor Hugo

Victor Hugo présente Djali à ses lecteurs dans le chapitre 3 du Livre Deuxième de Notre-Dame de Paris, Besos Para Golpes. L’animal est alors décrit comme étant « une petite chèvre blanche, alerte, éveillée et lustrée ». Elle possède des « cornes dorées, avec des pieds dorés et un collier doré ». Accroupie sur un coin du tapis, elle observe patiemment sa maîtresse en train de danser pour essayer de glaner quelques sous auprès des Parisiens. Djali est elle-même mise à contribution. Patiemment entraînée par Esmeralda, la chèvre surprend en effet la foule en étant en mesure de donner le numéro du mois, du jour et même l’heure en tapant simplement du pied sur un tambourin. La petite bique est également capable d’imiter à merveille certains notables de Paris. Dressée sur ses pattes arrières, elle se met en particulier à marcher avec gravité tout en bêlant, rappelant ainsi l’attitude de maître Guichard Grand-Remy, le capitaine des pistoliers de la ville, lors de la dernière procession de la Chandeleur. Djali s’assoit ensuite sur son derrière, se met à bêler et agite les pattes de devant, livrant cette fois une amusante imitation de Jacques Charmolue, le procureur du roi en cour d’église. Hilare, la foule applaudit !


Victor Hugo

Djali est de nouveau évoquée dans le Livre Sixième. La situation a beaucoup évolué. Condamné au pilori et torturé en place de Grève, Quasimodo a pu compter sur l’aide heureuse d’Esmeralda qui, contrairement à la foule, a fait preuve de bienveillance à son encontre en lui offrant à boire. Un nouveau personnage est par ailleurs apparu dans l’histoire, Phœbus, soldat émérite et coureur de jupons notoire. Aux premiers jours de mars, quelques semaines après la condamnation de Quasimodo, le bellâtre revoit la belle gitane et sa chèvre qui divertissent les Parisiens. Encouragé par son amante, Fleur de Lys, Phœbus demande à Esmeralda d’approcher. Djali l’accompagne. Chacun peut alors se rendre compte que la petite chèvre porte autour de son cou un sachet de cuir contenant un alphabet avec des lettres placées sur des petites tablettes faites en bois de buis. Grâce à cet accessoire, l’animal est capable d’écrire. Disposant les lettres par terre, Djali inscrit le prénom Phœbus, provoquant la gêne d’Esmeralda qui se met à trembler. Elle est finalement chassée de la maison par Fleur de Lys et ses amies, jalouses de voir que le beau soldat n’est lui-même pas insensible aux charmes de la Bohémienne.


Première page du manuscrit de Notre-Dame de Paris

Au début du Livre Huitième, les choses continuent à aller de mal en pis. Phœbus a tenté de violer Esmeralda. Ayant lui aussi succombé aux charmes de la gitane, Frollo a pour sa part asséné un coup de poignard au militaire. Arrêtée pour ce crime qu’elle n’a pourtant pas commis, Esmeralda est traduite en justice. Djali est elle-même capturée. Ses petites imitations des prélats de l’Église, en particulier Jacques Charmolue, ne jouent pas en sa faveur. Surpris de la voir écrire et déterminer sans mal la date du jour, les juges sont bientôt persuadés que l’animal est envoûté. Ligotée, la chèvre, comme sa maîtresse, devient l’accusée d’un énième procès en sorcellerie. Esmeralda est condamnée à faire amende honorable devant Notre-Dame avant d’être conduite en place de Grève pour y être pendue...


Gravure de Louis Monziès d'après Henri Pille

Abandonnée par Phœbus qui refuse de se compromettre en expliquant qu’elle n’y est pour rien dans cette tentative de meurtre, Esmeralda est amenée sur le parvis de la cathédrale. Toujours fermement attachée, Djali est à ses côtés. Comme il est d’usage, une foule immense est réunie pour assister au « spectacle ». Observant la scène du haut de la galerie des rois, Quasimodo se décide finalement à venir en aide à la belle gitane qui l’avait elle-même soutenue jadis. Terrassant les deux bourreaux, le bossu s’empare d’elle et l’emporte, avec sa chèvre, au sommet de l’église en faisant valoir le droit d’asile.


Gravure de Louis Monziès d'après Henri Pille

Au début du Livre Neuvième, Frollo est consterné lorsqu’en montant dans l’une des tours de la cathédrale, il aperçoit Esmeralda et Djali. La bohémienne est elle-même étonnée d’avoir été sauvée. Se liant d’amitié avec Quasimodo, la belle continue malgré tout d’éprouver des sentiments amoureux pour Phœbus qui, pour sa part, a déjà tourné la page. Dans le Livre Dixième, Clopin et les bohémiens s’activent pour libérer leur pauvre amie captive à l’intérieur de Notre-Dame. Armés jusqu’aux dents, tous prennent d’assaut l’église. Alerté, le roi Louis XI envoie la troupe. Pendant la bataille, Esmeralda et Djali prennent la fuite.


Gravure de Louis Monziès d'après Henri Pille

Dans le Livre Onzième, le lecteur apprend que la gitane et la chèvre ont réussi à partir grâce à l’intervention de Pierre Gringoire et de Frollo. Apprenant que son frère, Jehan, a été tué durant les combats, ce dernier cherche alors à se venger. Il se met ainsi en tête de tuer Esmeralda. Pour ce faire, il reçoit l’aide de Gudule, une vieille femme nourrissant depuis toujours une haine des Bohémiens qu’elle accuse de lui avoir volé son bébé. Écoutant sa geôlière vociférer contre elle, Esmeralda comprend bientôt que cet enfant disparu, c’est elle ! Émue aux larmes, Gudule fait dès lors amende honorable et l’aide à s’enfuir.


Gravure de Louis Monziès d'après Henri Pille

Les événements s’enchaînent ensuite rapidement. Après avoir découvert que Frollo est le ravisseur d’Esmeralda, Quasimodo l’assassine en le précipitant du haut de la cathédrale. Finalement arrêtée, la gitane est elle-même pendue en place de Grève. Djali est quant à elle sauvée par Pierre Gringoire, le mari d'Esmeralda...

Djali, alliée fidèle et protectrice chez Disney

Dans Le Bossu de Notre-Dame, Djali entre dans l’histoire en même temps que sa maîtresse, Esmeralda. Alors que Phœbus tente de trouver son chemin en direction du Palais de justice, il aperçoit la belle gitane en train de jouer du tambourin. Djali exécute pour sa part quelques pas de danse autour d’un vieux chapeau placé au sol pour recevoir l’obole des passants. Le divertissement a malheureusement tôt fait d’être interrompu par l’arrivée de la patrouille. Voyant poindre le danger, Djali s’empresse de ramasser le couvre-chef.

Mais dans la précipitation, plusieurs pièces tombent au sol. L’animal appelle immédiatement à l’aide Esmeralda pour récupérer le maigre butin éparpillé sur le pavé. Lorsque les deux gardes tentent de s’interposer pour confisquer l’argent, Djali n’hésite pas une seconde à intervenir pour aider son amie. Ni une, ni deux, un coup de tête puis un coup de pattes dans le ventre envoient les deux gardes valser au sol. Il est alors temps de prendre la fuite. Attendant derrière un muret, autant Djali qu’Esmeralda s’amusent de voir l’un des gardes écrasé par Achille, le cheval de Phœbus qui est lui-même intervenu pour leur venir en aide. Les deux se déguisent ensuite en vieux mendiant dissimulé sous une couverture afin d’échapper une fois pour toutes à la vigilance des soldats. Seul Phœbus, qui remet les pièces dans le chapeau, les reconnaît, à leur plus grand étonnement.

Durant le Festival des Fous, Djali accompagne toujours sa chère Esmeralda qui se prépare sous sa tente. Leur tranquillité est toutefois rompue lorsque Quasimodo, bousculé par la foule, pénètre avec fracas. Observant le visage du bossu, Djali manifeste un dégoût certain puis une certaine animosité à l’égard de cet intrus. Toujours efficace pour évincer les indésirables, l’animal monte bientôt sur scène pour chasser d’un coup de cornes les participants recalés au concours de l’être le plus laid de Paris. Envoyant les perdants voler dans les airs, Djali n’a toutefois pas le courage d’approcher le bossu au physique repoussant.

Lorsque la fête dégénère à cause des Parisiens qui décident de tourner Quasimodo en ridicule, Djali est une fois encore un soutien de poids pour Esmeralda qui, seule, ose braver l’autorité de Frollo en portant assistance au pauvre bossu. Après avoir éliminé les gardes lancés à leur poursuite, le costume du vieux mendiant est de nouveau utile pour quitter le parvis et trouver refuge à l’intérieur de la cathédrale.

Admirant la beauté et le calme de la grande nef, Djali et Esmeralda doivent bientôt faire face à Phœbus. Le capitaine a en effet pris sur lui de les suivre à l’intérieur de l’église. Se saisissant d’un candélabre, Esmeralda tente de le neutraliser mais Phœbus parvient à parer les coups à l’aide de son épée. Djali met finalement un terme à ce duel improbable en fonçant tête baissée vers l’officier, frappé au ventre. « Les militaires la font tourner chèvre », confesse Esmeralda avec sarcasme.

Incrédule au moment d’écouter  Phœbus se présenter et expliquer l’origine de son prénom, Djali ne peut cacher sa peur en voyant Frollo surgir à son tour. Lorsque ce dernier est contraint par l’Archidiacre de quitter les lieux, l’animal rejoue des cornes pour chasser également le militaire de la cathédrale. Djali retourne ensuite auprès de sa maîtresse afin de la réconforter.

Invitée par l’Archidiacre à se tourner vers Dieu afin de calmer sa peine et sa haine, Esmeralda aperçoit bientôt Quasimodo dans l’ombre. Elle se précipite alors pour le rattraper. Djali s’élance à son tour jusqu’au sommet du beffroi nord. Au moment de pénétrer dans la tour, La Rocaille prend vie afin d’adresser des bisous amoureux à la biquette qui n’en croit pas ses yeux...

Au moment de découvrir le repaire de Quasimodo, Esmeralda est éblouie par la beauté des vitraux, des cloches et de la maquette de Paris construite année après année par le bossu. Djali manifeste également beaucoup d’intérêt pour les petits moutons en bois sculpté qu’elle avale un à un en finissant par la figurine du berger ! Après avoir bruyamment roté à l’intérieur de l’une des cloches, la visite se termine sur les toits où la vue sur Paris est absolument prodigieuse.

La folle journée n’est pas encore terminée. Il reste à présent à quitter les lieux au nez et à la barbe des gardes. Toutes les portes de la cathédrale sont surveillées. Qu’importe, Quasimodo propose de descendre le long de la façade. Esmeralda bande les yeux de Djali pour ne pas l’effrayer. Le foulard s’envole malgré tout. En regardant dans le vide, Djali est incapable de dissimuler sa peur. Une fois en bas, l’animal est totalement sonné.

Djali est de retour dans l’histoire au moment où Frollo interroge avec brutalité la famille du meunier. Avec Esmeralda, le personnage revient ensuite auprès de Quasimodo afin qu'il vienne en aide à Phœbus, blessé après avoir pris la défense des malheureux malmenés par le juge. Prévenant par ses bêlements de l’arrivée imminente de Frollo, Djali disparaît de nouveau de l’intrigue, ne revenant que plus tard au moment de sauver le bossu et l’ancien capitaine des gardes que Clopin s’apprête à pendre. Les réjouissances sont malheureusement de courte durée... La pauvre bête est ainsi capturée sur ordre de Frollo en même temps que tous les Bohémiens de la Cour des miracles.

Assistant à la mise à mort d’Esmeralda organisée sur le parvis de Notre-Dame, Djali prend sa part dans la révolte des Parisiens qui décident finalement d’affronter à leur tour l’autorité de Frollo. À grands coups de tête et de pattes, la garde du juge est renvoyée dans les cordes. Au moment de fêter la victoire du bien sur le mal, Djali fait une ultime apparition à l’écran en sautant dans les bras d’Esmeralda avant de donner une gentille léchouille bien baveuse à Phœbus ! Happy End!

La Conception du personnage

Lorsqu’ils se lancent dans l’écriture du (Le) Bossu de Notre-Dame, les scénaristes Tab Murphy, Irene Mecchi, Jonathan Roberts, Bob Tzudiker et Noni White font dès le départ le choix de modifier l’histoire originale de Victor Hugo. Publié en 1831, le roman paraît en effet peu accessible pour un large public, qui plus est aux États-Unis où l’œuvre n’est connue qu’au travers de ses adaptations cinématographiques passées. Surtout, le récit est particulièrement sombre et pessimiste. La trame nécessite dès lors d’être profondément retravaillée pour être ensuite offerte à des spectateurs de tous les âges.

Pour ce faire, les auteurs commencent par simplifier l’intrigue en supprimant certains passages et surtout certains personnages tels que Pierre Gringoire, Jehan Frollo, Paquette/Gudule , Fleur-de-Lys et le roi. S’ils en conservent le fond, ils éliminent par ailleurs les passages les plus cruels de l’histoire, en particulier les dernières pages du livre dans lesquelles sont évoquées les morts violentes d’Esmeralda et de Quasimodo. Enfin, ils ponctuent leur scénario de petits moments amusants destinés à alléger un propos particulièrement rude et violent. Le rôle de Clopin est en particulier réécrit dans ce sens. L’ajout des gargouilles, décrié par certains, est également utilisé comme un élément comique de première importance. Le personnage de Djali est enfin lui aussi altéré afin d’apporter à son tour une dose supplémentaire de comédie.

Dans Le Bossu de Notre-Dame, Djali perd toutes les habiletés dont Victor Hugo l’a affublée. La chèvre n’est plus montrée en train d’écrire à l’aide de petites lettres en bois. Elle ne donne plus le jour de l’année, ni l’heure. Elle n’imite pas les grandes figures religieuses et politiques de la capitale. En somme, Djali n’est plus la bête de foire douée « d’intelligence » décrite par Victor Hugo.

À la place, la chèvre est présentée comme la meilleure amie et surtout l’ange-gardien d’Esmeralda. Particulièrement insolente et belliqueuse, alors même qu’elle ne semble pas l’être dans le roman original, Djali consacre toute son énergie à veiller sur sa maîtresse. Lorsque celle-ci perd le moral, comme dans la séquence de la chanson Les Bannis ont Droit d’Amour, l’animal est présent pour apporter un peu de réconfort. En outre, lorsqu’une menace s’approche trop près de sa protégée, Djali fonce tête baissée, au sens propre comme au sens figuré, pour faire place nette. La plupart des séquences dans lesquelles la petite bique apparaît la montrent ainsi en train de mettre des coups de cornes ou des coups de pattes aux gardes ou bien à Phœbus. C’est sur cet instinct protecteur à outrance et cette violence incontrôlable que reposent les principaux ressorts comiques associés au personnage.

Dans les premières recherches graphiques réalisées au début des années 1990 par le vétéran Vance Gerry, Djali apparaît sous les traits d’une petite chèvre au pelage marron chargée de faire les poches des badauds en train d’admirer Esmeralda dans ses œuvres. D’autres artistes, tels que Geefwee Boedoe et Kevin Harkey, lui donnent pour leur part une silhouette plus cartoonesque et même, parfois, beaucoup plus abstraite.

Recherche graphique par Vance Gerry
Recherche graphique par Geefwee Boedoe

Au final, l'apparence définitive de Djali est notamment définie par le superviseur de l'animation Ron Husband qui passe de nombreuses heures au sein du Big Thunder Ranch de Disneyland afin d'étudier l'anatomie des chèvres. Il dessine alors une petite biquette à la robe blanche. Son museau, ses pattes et le bout de sa queue sont gris. Ses yeux, larges et très expressifs, sont marrons. Les cornes courtes et arrondies, le personnage possède des oreilles longues et tombantes ainsi qu’une petite touffe de poils au niveau du menton. Un anneau à l’oreille droite fait référence à son appartenance au peuple gitan.

Extrait du storyboard par Kevin Harkey
Croquis de Ron Husband

L’animation de Djali est donc supervisée par Ronald (Ron) Husband. Né à Monrovia le 8 février 1950, l’artiste débute chez Disney en 1975 en tant qu’assistant de Frank Thomas et Ollie Johnston. Aux côtés des deux vétérans, il travaille ainsi sur Les Aventures de Bernard et Bianca, Peter et Elliott le Dragon puis Rox et Rouky. Digne représentant de la nouvelle génération un temps associé à son collègue Randy Cartwright, il est promu animateur à part entière lors de la production du (Le) Petit Âne de Bethléem. Après Taram et le Chaudron Magique, Basil, Détective Privé, Oliver & Compagnie, La Petite Sirène et Bernard et Bianca au Pays des Kangourous, il enchaîne ensuite avec La Belle et la Bête, Aladdin, Le Roi Lion et Pocahontas, une Légende Indienne, des films dans lesquels il participe notamment à la conception des scènes avec le Seigneur des Ténèbres, le docteur Dawson, Fagin, le Roi Triton, Cody, Gaston, Jafar, Pumbaa et John Smith.

Feuille de modèles
Dessin d'animation de Ron Husband

Nommé superviseur de l’animation de Djali, Ron Husband anime les Titans dans Hercule puis dirige l’animation du wapiti dans Fantasia 2000 ainsi que celle du docteur Gentil dans Atlantide, l’Empire Perdu. Souvent présenté comme le premier animateur afro-américain des studios Disney, il dessine certaines scènes avec John Silver dans La Planète au Trésor - Un Nouvel Univers avant de quitter l’entreprise en 2002. Devenu artiste indépendant crédité aux génériques des (Les) Looney Tunes Passent à l’Action, Mickey, Donald, Dingo - Les Trois Mousquetaires, Fat Albert, Winnie l’Ourson et l’Éfélant et Bambi 2, il sert par ailleurs comme illustrateur pour Publishing Group. Ron Husband prend finalement sa retraite en 2013 après trente-huit ans de service.

Ron Husband
Kent Hammerstrom

Ron Husband travaille conjointement avec Kent Hammerstrom. Débutant vers la fin des années 1980, il œuvre notamment sur des films comme Le Petit Dinosaure et la Vallée des Merveilles, Charlie, Mon Héros et Le Voyage d’Edgar dans la Forêt Magique. Pour Disney, il donne vie à Ben et Lon, Djali et Pégase. Sa filmographie compte aussi des films comme Excalibur, l’Épée Magique et Star Wars : La Menace Fantôme.

Djali, mâle ou femelle ?

Dans l’œuvre originale de Victor Hugo, il ne fait aucun doute que Djali est une femelle. L’auteur évoque en effet le personnage en parlant systématiquement d’une chèvre, un terme qui, selon le dictionnaire Larousse, n’est utilisé que pour qualifier la femelle de cette famille d’animaux.

Dans le long-métrage des studios Disney, le genre de Djali est changé. Plusieurs lignes de dialogues mentionnent en effet le personnage avec des pronoms masculins. Lors de son face à face avec Esmeralda à l’intérieur de la cathédrale, Phœbus dit ainsi « I didn’t know you had a kid », ce à quoi la gitane rétorque « Well, he doesn’t take kindly to soldiers ». Plus tard, lorsque Quasimodo suggère de quitter l’église en descendant le long de la façade, Esmeralda, inquiète, s’interroge : « You mean... climb down? ». Sûr de lui, le bossu répond : « Sure. You carry him, I carry you ». L’emploi des pronoms « he » et « him » ne laissent dès lors planer aucun doute. Chez Disney, Djali n’est pas une chèvre, mais bien un bouc, ce que confirment tous les livres et produits dérivés inspirés du film.

Les choses se complexifient avec la version française. Au moment de traduire les dialogues originaux, les responsables du doublage, Luc Aulivier et Philippe Videcoq, font le choix de rester fidèle à l’œuvre de Victor Hugo. « J’ignorais que tu avais un enfant », s’étonne ainsi Phœbus après avoir reçu un coup dans le ventre durant la scène de la cathédrale. Sarcastique, Esmeralda lui répondant « Les militaires la font tourner chèvre ». « Voulez-vous en voir davantage ? », interroge Quasimodo lors de sa visite de la cathédrale. « Qu’en penses-tu Djali ? Elle est d’accord », s’enthousiasme la belle gitane. Le doute n’est par conséquent une fois encore pas permis. Dans la version française du (Le) Bossu de Notre-Dame, Djali est donc une femelle !

Les Voix de Djali

Dans toutes les versions du (Le) Bossu de Notre-Dame, Djali est interprétée par Gary Trousdale, l’un des réalisateurs du film. Né le 8 juin 1960 à La Crescenta, au nord de Glendale, l’artiste étudie l’animation à l’Institut CalArts durant trois ans. Engagé en 1982 par Carter/Mendez Productions, il entre chez Disney en 1984 comme animateur intervalliste chargé des effets spéciaux de Taram et le Chaudron Magique. Il travaille ensuite sur les storyboards d’Oliver & Compagnie et de La Petite Sirène. Avec Kirk Wise, il prend les rênes de Bernard et Bianca au Pays des Kangourous avant d’être écartés du projet pour divergences artistiques. S’installant en Floride, le duo planche un temps sur un court-métrage avec Roger Rabbit qui, finalement, ne voit pas le jour. À la place, ils sont chargés de réaliser la séquence animée de l’attraction Cranium Command à Epcot. Remisant au placard leur projet de film avec Dingo dans le rôle de Tarzan, ils se voient ensuite confier la réalisation de La Belle et la Bête. Fort d’un succès incroyable, Trousdale et Wise participent à la réécriture du (Le) Roi Lion avant de diriger Le Bossu de Notre-Dame puis Atlantide, l’Empire Perdu. Placé à la tête de Gnoméo et Juliette, un projet finalement mené à terme par Kelly Asbury, Trousdale quitte Disney pour Dreamworks, S.K.G. où il travaille sur les storyboards de Madagascar et Souris City. Il réalise ensuite Les Pingouins de Madagascar, Joyeux Noël Shrek !, Shrek Fais-Moi Peur et le court-métrage Rocky and Bullwinkle. Dans Le Bossu de Notre-Dame, Gary Trousdale prête également sa voix au vieil hérétique.

Gary Trousdale
Frank Welker

Dans la suite du grand classique de 1996, le rôle de Djali est cette fois tenu par Frank Welker. Originaire de Denver où il voit le jour le 12 mars 1946, le comédien a associé son nom à des centaines de productions depuis le début de sa carrière à la fin des années 1960. Apparaissant en tant qu’acteur dans Filles et Show-Business, L’Ordinateur en Folie et Pas Vu, Pas Pris, il est ainsi entre autres la voix de Dumbo dans Qui Veut la Peau de Roger Rabbit, de Félicia et Toby dans Basil, Détective Privé, de Max dans La Petite Sirène, de Joanna et de l’aigle Marahute dans Bernard et Bianca au Pays des Kangourous, de l’Archevêque et du Roi dans Le Prince et le Pauvre, de Sultan dans La Belle et la Bête, d’Abu, Rajah et la Caverne aux merveilles dans Aladdin. Frank Welker a aussi interprété le Yéti dans Dingo et Max, Flit dans Pocahontas, une Légende Indienne, Khan et Cri-Kee dans Mulan ou bien encore Stella dans La Princesse et la Grenouille. Dans Le Bossu de Notre-Dame, Frank Welker vocalise aussi l’oisillon.

Les Autres Apparitions de Djali

Comme tous les autres personnages principaux du film original, Djali est à l’affiche du (Le) Bossu de Notre-Dame 2 : Le Secret de Quasimodo. Produite en 2002 pour le marché de la vidéo, cette suite met en scène Quasimodo, Esmeralda et Phœbus qui doivent affronter les sombres manigances du magicien Sarousch, le chef d’une troupe de cirque qui envisage de voler La Fidèle, l’une des précieuses cloches de la cathédrale.

Suite illégitime d’un film qui se suffisait à lui-même, Le Bossu de Notre-Dame 2 : Le Secret de Quasimodo pèche à tout point de vue. Son scénario est bancal. Son animation est déplorable. Surtout, le respect de l’œuvre originale est semble-t-il négligé. Certains personnages voient ainsi leur caractère être totalement dégradé. C’est en particulier le cas de Djali, presque uniquement utilisée comme un faire-valoir comique. Seule son amitié avec Zephyr, le fils de Phœbus et Esmeralda, est alors digne d’intérêt.

Concernant la petite chèvre, deux scènes du film retiennent néanmoins l’attention. À la quatrième minute, l’animal est tout d’abord taquiné par La Rocaille qui cherche encore et toujours à la charmer. La gargouille lui saisit bientôt le visage et l’embrasse à pleine bouche. Choquée par ce qui, à l’évidence, n’est rien d’autre qu’une agression, Djali lui fonce alors dessus tête baissée. La Rocaille se change immédiatement en pierre, réduisant ainsi l’impact du coup asséné par la biquette, sonnée.

Bien qu’elle affiche depuis le début un dégoût certain pour La Rocaille, Djali fait finalement le choix de céder à ses avances. À la cinquante-septième minute, la gargouille retente une nouvelle fois sa chance en offrant une rose à la chèvre. Dévorant la fleur, celle-ci fait les yeux doux à son courtisan à qui elle fait une petite léchouille sur la joue. En partant du principe que, dans la version originale, Djali est un bouc, le personnage affiche ainsi son amour pour La Rocaille et, de fait, révèle son homosexualité.

Livre animé interactif
Disney Magic Kingdoms

Outre les films d’animation, Djali participe aux adaptations du (Le) Bossu de Notre-Dame en jeux vidéo. Elle apparaît ainsi dans The Hunchback of Notre Dame: Topsy Turvy et dans Disney – Livre Animé Interactif : Le Bossu de Notre-Dame. La chèvre est aussi présente dans les jeux Disney Sorcerer’s Arena, Disney Heroes : Battle Mode et Disney Magic Kingdoms.


Il Était une Fois un Studio

En 2023, les Walt Disney Animations Studios célèbrent en grande pompe leur centième anniversaire avec Il Était une Fois un Studio, un court-métrage spécial dans lequel sont exceptionnellement rassemblés des centaines de personnages Disney d’hier et d’aujourd’hui. Djali est notamment de la partie et figure sur la grande et belle photo de famille prise sur l’esplanade du Roy E. Disney Animation Building.

Personnage amusant au caractère bien trempé, Djali fait partie des beaux seconds rôles du (Le) Bossu de Notre-Dame permettant d’offrir au film de sympathiques moments de comédie tout en mettant en valeur de belles valeurs de fidélité et de protection.

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